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Charles de Gaulle – Allocution radiotélévisée du 6 janvier 1960

Ci-dessous le texte intégrale de l’allocution radiotélévisée du 6 janvier 1960 de Charles De Gaulle :

 

Françaises, Français,

Je vous ai exposé, déjà, les motifs, le contenu et la portée du projet de loi qu’en ma qualité de président de la République je soumets à votre approbation au sujet de l’Algérie. Aujourd’hui, je dois appeler votre attention sur l’étendue des conséquences qu’aura la réponse du pays et sur le fait que chacun, qu’il vote « oui », qu’il vote « non » ou qu’il s’abstienne, y prendra en personne une responsabilité directe. Il y a là, sans aucun doute, un des événements principaux de notre histoire.

C’est vrai, d’abord, parce que l’affaire d’Algérie est en elle – même capitale. Non point par l’intensité même des combats qui s’y traînent encore. Grâce à l’effort de nos soldats, on s’y tue en moyenne 8 fois moins qu’il y a 2 ans. Mais à cause du caractère passionnel du conflit, de l’emprise politique, militaire, financière, qu’il exerce sur notre vie nationale, de la résonance qu’il trouve à l’étranger, enfin et surtout de ce qu’il présente à notre époque d’absurde et de périmé. La solution conforme au bon sens, à la justice, au génie de la France, est proposée à la décision du pays. Y répondre par la négative, pour quelque raison que ce soit, c’est refuser que le problème soit jamais résolu par la France. S’abstenir, c’est choisir l’impuissance pour la France. Voter le projet c’est vouloir que la France puisse gagner, en Algérie, pour l’Algérie, avec l’Algérie, la cause de la paix et de la raison.

Mais ce qui est en question dans le référendum du 8 janvier 1961, ce n’est pas seulement le fait de reconnaître aux populations le droit de choisir leur sort ; de les engager, en attendant, dans la voie de l’Algérie algérienne unie à notre pays ; de viser à obtenir, dans les moindres délais possibles, une confrontation pacifique de toutes les tendances, afin d’organiser librement l’autodétermination. Autant que du sujet lui – même, il s’agit, en réalité, de notre propre destin.

Car pour la Nation française voici l’occasion solennelle, soit de prouver son unité, soit d’étaler sa division. Après avoir, hélas ! payé bien cher les déchirements lamentables d’autrefois, notre pays doit savoir que si, par malheur, sur un tel sujet et en dépit de mon appel, il laissait briser la cohésion de sa masse sous les impulsions, d’ailleurs contradictoires, de plusieurs et très diverses sortes d’agitateurs ou de partisans, il courrait tout droit au chaos et à l’abaissement. Au contraire, il peut être certain que si dimanche prochain, devant un monde qui regarde et qui écoute, il exprime la volonté immense et positive d’un grand peuple, alors rien ne pourra prévaloir contre lui, ni au-dedans, ni au-dehors.

Françaises, Français, vous le savez, c’est à moi que vous allez répondre. Depuis plus de 20 années, les événements ont voulu que je serve de guide au pays dans les crises graves que nous avons vécues. Voici que, de nouveau, mon devoir et ma fonction m’ont amené à choisir la route. Comme la partie est vraiment dure, il me faut, pour la mener à bien, une adhésion nationale, autrement dit une majorité qui soit en proportion de l’enjeu. Mais aussi j’ai besoin, oui j’ai besoin, de savoir ce qu’il en est dans les esprits et dans les cœurs. C’est pourquoi je me tourne vers vous par-dessus tous les intermédiaires. En vérité – qui ne le sait ? – l’affaire est entre chacune de vous, chacun de vous, et moi – même.

Françaises, Français, tout est simple et clair ! C’est un « oui » franc et massif que je vous demande pour la France.

Vive la République !

Vive la France !

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