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Discours de Charles de Gaulle – Conférence de presse du 5 septembre 1960

Ci-dessous le texte intégral de la Conférence de presse du 5 septembre 1960, par le général de Gaulle :

Je vous remercie d’être venus aussi nombreux à mon invitation. Nous sommes en une période dont le moins qu’on puisse en dire c’est qu’elle est agitée. L’agitation qui se développe dans beaucoup de régions du monde et qui est répercutée à l’envi par toutes les voix de l’information est devenue caractéristique de notre époque. Mais, si retentissants que puissent être ces éclats, ils ne sauraient évidemment ébranler ni intimider la France. Nous sommes aujourd’hui assez solides, assez équilibrés, assez sûrs de nous – mêmes, pour ne pas nous laisser impressionner par la logomachie ni par la gesticulation. Sans doute, nous n’ignorons pas, et nous l’ignorons même moins que personne, ce que les courants qui tendent à bouleverser l’univers peuvent avoir de profond et de dangereux. Et du reste, sur chacune des grandes questions, nous avons fixé et nous suivons fermement la ligne que nous avons choisie. Mais nous n’en discernons pas moins ce qu’il y a d’excessif et d’artificiel dans toutes ces manifestations qu’on organise au sujet de ces problèmes, et c’est pourquoi, encore une fois, nous ne nous laissons pas émouvoir par tous les tumultes, tous les flots d’invectives, de mises en demeure, de menaces, qui sont lancés, à partir de certaines contrées, par d’autres pays, en particulier contre le nôtre, et d’autant plus que, dans toute cette mise en scène, nous faisons la part de la tactique chez ceux qui font, pour ainsi dire, profession de troubler les autres. Du côté des totalitaires, il nous paraît évitent qu’il s’agit, par les secousses spectaculaires de leur propagande, d’alarmer et, par conséquent, de dérouter l’Occident. Mais nous n’en mesurons pas moins à quelles difficultés internes s’y heurtent les dirigeants dans l’effort qu’ils prodiguent soit pour imposer à leurs peuples un système qui est contradictoire avec la nature humaine, soit pour apporter à ce système les correctifs qui sont peu à peu exigés par la poussée des dites nouvelles et par le sourd mouvement des masses. Nous n’ignorons pas non plus que, dans leur camp, les luttes des tendances, les intrigues des clans, les rivalités des personnes aboutissent périodiquement à des crises implacables, dont les séquelles, ou bien les prodromes, ne laissent pas de les agiter. Et puis, nous savons que, chez eux, les griefs nationaux s’opposent, malgré l’absolutisme de leur idéologie. Nous ne nous expliquons donc que trop bien que chez eux on se répande volontiers en propos virulents et en sorties sensationnelles afin de donner le change à l’intérieur et à l’extérieur, sans d’ailleurs, en fait, dépasser certaines limites.

Et puis, du côté d’un certain nombre parmi les pays hier colonisés, comme on dit, et qui, aujourd’hui, sont affranchis ou en cours de l’être, dans de plus ou moins tumultueuses conditions, nous voyons bien à quels obstacles se heurtent les milieux dirigeants pour faire vivre, organiser, développer les peuples qu’ils ont pris en charge. D’autant plus que, bien souvent, l’unité et la légitimité nationales y sont fort aléatoires, que l’expérience et les capacités des hommes responsables n’y sont pas toujours très bien assurées, et que des concurrences spectaculaires d’un pays à l’autre peuvent exister entre les chefs. Nous nous expliquons donc que les responsables trouvent assez commode, de temps en temps, de dérouter vers la xénophobie les émotions passionnées des populations, le jeu étant d’autant plus facile que les populations sont plus primitives. Assurément, parmi les nouveaux chefs politiques de ces Etats, il en est qui ont assez de courage et assez de lucidité pour se consacrer à la mise sur pied de leur État et au progrès réel de leur peuple. Ceux – là sont des hommes d’État. Mais, parmi les autres, beaucoup ne résistent pas au mouvement qui consiste à se précipiter dans des déclarations tonitruantes. Mais cependant, si la France, dans sa lucidité et dans sa sérénité, ne se laisse pas, encore une fois, émouvoir par tout ce fracas et tous ces tumultes, il n’en est pas moins vrai qu’elle est confrontée avec les graves problèmes qui en sont les prétextes ou les occasions. Mais sur chacun de ces problèmes, elle a pris et elle suit sa propre ligne, autrement dit sa politique. Oui ! Cette politique est la sienne. C’est ce que je suis prêt, mesdames, messieurs, à préciser en répondant aux questions diverses que vous voudrez bien me poser.

Sur l’ensemble du mouvement de décolonisation qui existe d’un bout à l’autre du monde, je n’ai jamais cessé, depuis le jour même où la guerre mondiale m’a amené à parler, à agir au nom de la France, je n’ai jamais cessé de suivre la même direction. Considérant que l’émancipation des peuples, car c’est de cela qu’il s’agit, est conforme tout à la fois au génie de notre pays, au but que nos grands colonisateurs, par exemple Gallieni, Lyautey, avaient en vue de leur œuvre colonisatrice, conforme aussi au mouvement irrésistible qui s’est déclenché dans le monde à l’occasion de la guerre mondiale et de ce qui s’en est suivi, j’ai engagé dans cette voie – là, dans cette voie de l’émancipation des peuples, la politique de la France. Naguère, et depuis 2 ans, elle est orientée dans le même sens. Ce n’est pas, bien entendu, que je renie en quoi que ce soit œuvre colonisatrice qui a été accomplie par l’Occident européen, et en particulier par la France.

Je considère plus que jamais que cette œuvre fut belle, fut grande et fut féconde. Et ce n’est pas sans ironie que, de temps en temps, j’assiste aux fureurs anti-françaises auxquelles se livrent certains, qui, aujourd’hui, n’ont guère d’importance et d’audience qu’en vertu de ce qu’ils ont puisé dans le trésor de la France. Mais je n’en crois pas moins qu’il faut savoir quand le moment est venu – et il est venu – reconnaître à tous le droit de disposer d’eux – mêmes, leur faire, en principe, confiance et même attendre d’eux qu’ils apportent à leur tour leur contribution au bien de notre humanité.

C’est en cela, en somme, et ce n’est pas ailleurs, qu’est sincèrement la politique de la France. Mais je crois que c’est à partir de l’œuvre déjà accomplie chez eux par les colonisateurs que les peuples qui s’affranchissent ont tout intérêt à entreprendre leur propre développement. Je considère comme absurde et comme ruineuse une tendance qui consisterait et qui, parfois, consiste pour eux à marquer leur nouvel essor par la rupture des liens qui les unissaient avec les pays qui les ont précédés dans la civilisation et notamment avec ceux qui la leur ont ouverte. Et c’est ce que je crois, en particulier, depuis toujours pour ceux des États qui sont venus de l’Union française. C’est un fait qu’il s’est établi entre eux et nous, de leur fait et du nôtre, des liens qu’il serait lamentable de voir briser dans le processus nouveau dans lequel ils sont maintenant engagés. Autrement dit, est – ce que les nouvelles souverainetés, les jeunes souverainetés doivent être acquises et exercées contre l’ancien colonisateur, et en le maudissant par surcroît, ou bien au contraire, d’accord amicalement avec lui, et en usant de son concours ?

La réponse me parait être commandée par le bon sens, et je répète qu’à 14 Républiques africaines et à la République malgache, qui sont venues de l’Union française, et auxquelles ont été reconnus leur libre choix et leur libre disposition d’elles – mêmes, eh bien ! la France a proposé sa coopération. Une seule l’a refusée. Nous n’y avons fait aucun obstacle. Mais je ne vois réellement pas quel avantage elle en a tiré. Alors, d’une manière générale dans le monde, ce grand mouvement il aurait fallu qu’il s’accomplisse sans secousses dangereuses et sans heurts fâcheux, violents.

Mais pour qu’il en fût ainsi, il aurait été nécessaire qu’il n’y eût pas là une autre carrière, une nouvelle carrière, une carrière de plus, ouverte à la rivalité entre la Russie et l’Amérique qui sortaient de la guerre mondiale avec tous les moyens de la puissance et de l’influence, et qui étaient les seules à les avoir. On sait ce qui s’est produit. Du côté des Soviets, on s’efforce, tout en prenant bien entendu les moyens de faire en sorte que les allogènes qui dépendent de la Russie ne posent pas la question, en tout cas on s’efforce de faire en sorte que toutes les agitations qui peuvent surgir dans les anciens Empires soient utilisés comme tremplins contre les Occidentaux.

En provoquant, en excitant tous les actes violents et les excès, en formant, en instruisant, pour la subversion et ensuite pour la dictature, les partisans dévoués au Kremlin, en faisant briller le mirage d’une aide économique et technique étendue, en évoquant de temps en temps la possibilité d’une intervention directe, on tâche, et on réussit en partie, à faire que l’évolution devient une espèce de crise chronique, alors qu’elle pourrait s’accomplir normalement et pacifiquement. Et devant cette action des Soviets qui est doublée d’ailleurs par celle de la Chine communiste, eh bien ! les Occidentaux auraient pu affermir beaucoup la cause de la raison et du progrès s’ils s’étaient accordés et s’ils s’étaient soutenus réciproquement dans l’émancipation qu’ils pratiquaient chez les pays hier colonisés, au lieu d’apparaître très souvent en état de dispersion et même de rivalités. C’est ce que j’avais du reste exposé, il y a bien longtemps, peut-être en 1944, au président Roosevelt et, en 1945, au président Truman, quand je m’entretenais avec eux des ébranlements qui commençaient à se produire, et c’est ce que j’ai, vous le savez, proposé voici 2 ans au président Eisenhower et à Monsieur Macmillan. Cela n’a pas encore été fait. Est- il trop tard pour bien faire ? Je ne le crois pas.

Je suis persuadé que les Occidentaux, du moment qu’ils admettent la libre disposition des peuples – et c’est le cas – devraient se concerter en permanence, tout au moins entre les puissances mondiales de l’Ouest, pour encourager les peuples nouvellement libres à trouver une voie raisonnable.

Je crois bien que ce qui se passe actuellement au Congo est tout à fait démonstratif à cet égard, car enfin si les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France avaient concerté leur attitude en cette affaire, dès le début de la crise, si ces 3 Puissances avaient d’abord encouragé les Belges et les Congolais à établir leurs rapports dans des conditions pratiques et raisonnables, et si ces 3 puissances aussi avaient pris des dispositions pour aider le démarrage du jeune État du Congo, et enfin pour faire savoir que dès lors l’émancipation du Congo était assurée, garantie par l’Occident, et qu’aucune intervention d’ailleurs ne serait admise, eh bien ! je crois bien que le résultat aurait été meilleur que l’anarchie sanglante qui existe dans ce nouvel État, et je crois, en outre, que le prestige, la cohésion de l’Occident auraient été mieux assurés de cette manière qu’en s’effaçant devant l’action inadéquate et très coûteuse des Nations dites unies.

Il est vrai que pour faire une telle politique, il aurait fallu une alliance qui ne fût pas, qui ne soit pas, circonscrite seulement dans les limites de l’actuelle OTAN.

Voilà ce que je peux vous dire en ce qui concerne la question d’ensemble que vous m’avez posée sur la décolonisation en général, et notamment sur l’état d’esprit avec lequel nous y assistons. et nous y participons en Afrique.

Il y a une Algérie. Il va y avoir une entité Algérienne. Il va y avoir une personnalité Algérienne. C’est aux Algériens qu’il appartient de décider de leur destin. En attendant qu’ils puissent le faire, eh bien ! la promotion des Algériens musulmans s’accomplit d’une manière irréversible. C’est eux qui, peu à peu, accèdent aux responsabilités et à la gestion des affaires en Algérie.

C’est ainsi que depuis 2 ans, depuis 1958, je le rappelle, l’égalité complète des droits civiques et le collège électoral unique ont été institués, que, dans les élections pour les députés et les sénateurs, les 2 tiers des élus sont obligatoirement musulmans, que la quasi-totalité des communes ont élu leurs conseils municipaux et leurs maires en grande majorité musulmans, que les 13 départements d’Algérie ont élu leurs conseils généraux, dont tous les présidents sont des personnalités musulmanes, que, dans quelques jours, vont se réunir les commissions d’élus, en grande majorité musulmans, pour se saisir des problèmes concernant la vie administrative, la vie économique et la vie sociale de l’Algérie, et les rapports entre les Communautés.

Cette évolution doit se poursuivre. Déjà, des mesures nouvelles sont envisagées en ce qui concerne l’administration propre de diverses régions Algériennes et en ce qui concerne le gouvernement de l’ensemble de l’Algérie.

En même temps, s’accomplit à grands efforts la formation des cadres. C’est ainsi qu’il y avait en Algérie, voici 3 ans, 21000 Musulmans dans les emplois administratifs : il y en a actuellement 37000 . Il y avait, voici 3 ans, 198 officiers musulmans d’active ; il y en a aujourd’hui 386. Il y avait 25 officiers de réserve musulmans servant en situation d’activité : il y en a 244. Il y avait dans les cadres moyens et supérieurs des entreprises industrielles et agricoles (je ne parle pas des travailleurs ordinaires) 19000 Musulmans, il y a 3 ans, aujourd’hui, il y en a 37000.

Dans le même laps de temps, le nombre des élèves musulmans dans les écoles de tous les degrés a passé de 312000 à 756000, et à la rentrée d’octobre il atteindra environ 900000.

Et puis, il y a encore l’effort déployé pour le développement matériel et économique de l’Algérie. Je ne vous accablerai pas de chiffres. Mais je dirai seulement qu’en 1959 et 1960, 300 usines nouvelles se sont établies et qu’il a été investi en Algérie, tant par l’Etat que par les particuliers, 6000000000 de nouveaux francs pendant ces 2 années.

Bref, si on compare ce qui était avec ce qui est, on est obligé de reconnaître de bonne foi que les choses avancent et qu’elles avancent d’un bon pas. Elles continueront d’avancer dans le même sens, la même direction, jusqu’à ce qu’un jour, dès que ce sera possible, les Algériens, par leur vote, par leur suffrage, décident eux – mêmes de leur destin.

Alors que l’évolution est en plein cours en Algérie – qui réalise, peu à peu, toutes sortes de choses – il est fort probable, possible en tout cas, qu’elle accomplisse progressivement dans les faits ce qu’un jour le suffrage décidera d’établir dans le droit. A quelle solution s’arrêteront alors les Algériens ? Je me garderai de le préjuger en détails, parce que les modalités de leur destin seront délibérées dès que l’apaisement sera venu, et que c’est leur suffrage qui en décidera, mais moi, je vous dis, je crois en tout cas, qu’ils voudront que l’Algérie soit Algérienne.

La seule question qui se pose, qui se posera à mon sens, ce sera de savoir si cette Algérie sera Algérienne contre la France, par la sécession, par la rupture d’avec la France, ou en association, en union amicale avec elle. Encore une fois, je ne préjuge pas la réponse, mais le bon sens, lui, la préjuge. Il en a déjà décidé lui, le bon sens, pour ce qui le concerne, car pourquoi accepterait- on, pourquoi tenterait- on de briser tant de liens qui se sont établis depuis très longtemps et qui s’établissent encore tous les jours, pour les changer en une espèce d’inimitié formelle et cruelle ?

Il y a 9000000 d’habitants environ en Algérie. Là-dessus, il y en a 1000000 qui sont de souche française et aussi nombre de Musulmans qui ne veulent pas être séparés de la France, en aucun cas, et qui ont le droit de vivre en Algérie puisque c’est leur terre natale.

Autre raison qui doit condamner d’avance la rupture, la sécession : il y a dans la métropole 400000 Algériens qui travaillent, c’est-à-dire le cinquième de la population masculine active de l’Algérie, et parce qu’ils y gagnent de quoi faire vivre leurs familles, qui se trouvent généralement de l’autre côté de la mer et qui comptent plus de 2000000 de personnes. En cas de rupture, où iraient- ils ? Au Caire, à Tunis, à Rabat, à Pékin, à Moscou, à New York ! Et puis, enfin, faut- il oui ou non que l’Algérie se transforme en un pays moderne et prospère ? Si oui, quelle est la puissance qui puisse s’y prêter, y concourir dans la proportion et les conditions voulues ? Une seule : la France. La rupture, pour le cas incroyable où elle serait un jour décidée, précipiterait l’Algérie dans un abîme de massacres, de misère et de désordre.

L’Algérie Algérienne est en marche, elle est en marche et cela veut dire une Algérie dans laquelle le destin de l’Algérie dépend de ses habitants, dans laquelle la gestion de ses affaires appartient à ses habitants. Mais le bon sens, encore une fois, commande que cette Algérie Algérienne soit étroitement unie à la France.

Eh bien ! Nous verrons ce qu’il arrivera. Il va de soi que les modalités futures de la consultation, que les questions à poser aux électeurs en ce qui concerne les rapports futurs entre les Algériens et la France, devront être délibérées le moment voulu, c’est-à-dire l’apaisement venu, en toute liberté et en toute sécurité. Et je répète, je redis : aucune tendance ne sera exclue de ce débat.

Je ne suis pas assez aveugle, ni assez injuste pour méconnaître l’importance du mouvement des âmes blessées et des espérances éveillées, qui a conduit en Algérie à l’insurrection. Je sais bien quelle résonance l’insurrection a trouvée dans une partie des populations, même quand ces populations condamnent les excès.

Tout en condamnant pour ma part d’une manière formelle, avec indignation, les attentats qui sont commis contre les civils, tout en jugeant que les épisodiques embuscades, à quoi se réduisent maintenant les combats, ne sont que du temps, de la douleur et du sang perdus, et tout en sachant que les tiraillades auxquelles se livrent, de temps en temps, ceux des insurgés qui occupent une partie de la Tunisie et qui se livrent à ces tiraillades contre nos barrages, ne le font guère que pour la montre, je n’en reconnais pas moins le courage qu’ont déployé beaucoup des combattants, tout cet ensemble formé par les insurgés, par l’attrait qu’ils ont trouvé et par les prolongements qu’ils ont rencontrés. Je crois qu’ils feront partie automatiquement de l’Algérie de demain.

De plus, je ne crois pas du tout que ceux des insurgés qui furent loyaux et sincères doivent pour toujours être opposés à la France loyale et sincère et, même, je suis convaincu, lorsque seront finis les derniers accrochages et les derniers attentats, qu’un souffle se lèvera sur l’Algérie déchirée. Il sera celui de la fraternité pour la coopération, pour la liberté, pour la paix.

Et ensuite ? me dit- on. Eh bien ! Ensuite, en Algérie comme partout, l’évolution fera son œuvre, mais elle la fera dans la paix.

A tout instant, il est possible d’en terminer avec les actes meurtriers. A tout instant, il est loisible à ceux qui s’acharnent à les prolonger de venir discuter des moyens de trouver une fin honorable aux combats, de la destination des armes et du sort des combattants. Et, à partir de là, à tout instant, il sera loisible à toutes les tendances de participer au grand débat qui précédera la consultation.

Alors, me dit- on, comment se fait – il qu’après une première invitation, qui fut suivie de premiers contacts, on n’ait pas encore abouti ? Pourquoi donc ? Ceci est ma réponse : pourquoi méconnaître ce que doit être le caractère d’une négociation sur le cessez-le-feu et que jamais je n’ai cessé d’indiquer d’une manière précise.

Qui peut croire que la France, sous le prétexte d’ailleurs fallacieux d’arrêter les meurtres, en viendrait à traiter avec les seuls insurgés, avec la seule organisation extérieure de la rébellion, à traiter de tout l’avenir politique de l’Algérie ? A les bâtir comme étant la représentation unique de l’Algérie tout entière ? Bref, à admettre que le droit de la mitraillette l’emporte d’avance sur celui du suffrage ?

Dans quel monde étrange peuvent bien vivre les gens qui se figurent qu’au cœur de Paris la libre circulation dans les rues, les réceptions dans les ambassades, les conférences de presse, les déclarations à la radio, pourraient être consenties à l’organisation extérieure de la rébellion tant que des actes meurtriers continuent d’être organisés dans l’Algérie et la métropole ?

Et pour qui me prennent – ils moi – même ceux qui s’imaginent que je pourrais conférer avec les chefs de la rébellion tant que les meurtres continuent, de telle sorte qu’à mesure de la conversation avec eux, on viendrait m’annoncer que de malheureux Musulmans ont été encore égorgés dans les douars de l’Algérie ou les faubourgs de la métropole, qu’on a jeté des grenades sur un marché arabe ou kabyle, qu’on a tiré sur des femmes et des enfants à la baignade sur les plages, qu’on a exécuté des troupiers pris au combat, qu’on les a exécuté sous une parodie de justice, et que telle petite fille française serait massacrée dans son lit. Alors ? Allons ! Tant qu’on donne la parole au couteau, on ne peut pas parler politique.

Au vrai, que peut attendre l’organisation extérieure de la rébellion de la prolongation de ces actes meurtriers qui sont, à mon sens, bien inutiles ? Tient- elle à quelque illusion qu’on se ferait sur le compte de la France ?

A travers les nuées de leur exil, peut-être ces partisans voient- ils encore la France comme peut-être elle a pu leur apparaître naguère. Peut-être se figurent – ils que nous sommes encore en ce temps du déséquilibre où le peuple Français attendait dans l’incertitude au temps du pouvoir assailli par toutes les oppositions et ne trouvait pas dans la Nation de soutien déterminé pour faire face à toute menace, à toute intimidation, de quelque côté qu’elles vinssent.

Peut-être se figure- t- on là-bas qu’un beau jour quelque crise politique va précipiter notre pays dans le trouble et le mettre hors d’état de poursuivre son action ? Si c’est le cas, eh bien ces attardés se trompent du tout au tout. La France, le peuple français savent très bien ce qu’ils veulent, et la France a choisi de suivre et suit sa politique. Il est possible aussi que la même organisation extérieure pense que, peut-être, quelque résolution qui serait votée par une Assemblée des Nations dites unies pourrait amener la France à leur passer la main : cela aussi est une illusion totale, d’abord parce que les Nations-unies n’ont aucun droit d’après leur propre charte d’intervenir dans une affaire qui est de la compétence de la France, ensuite parce que s’il est vrai qu’on peut être amené à trouver dans cette organisation une majorité formée d’États totalitaires, d’États sans consistance, d’États mal informés, ou pour qui la vie internationale est faite d’invectives à perpétuité, la France, elle, ne reconnaît à une telle éventuelle majorité aucune espèce de qualification pour dire le droit et faire la loi, et enfin parce que tous ces conseilleurs de New York éventuellement ne seraient certainement pas les payeurs dans le cas ou l’éviction de la France leur livrerait demain l’Algérie.

C’est pourquoi, quoi qu’il arrive ou n’arrive pas à New York, la France poursuivra sa route : cette route c’est celle du droit des gens à disposer d’eux – mêmes. C’est celle de la raison et celle de l’humanité.

Nous ne désespérons pas du tout d’ailleurs de voir, un jour, nous y rencontrer ceux qui ont pris une autre voie. Voilà pour l’Algérie.

C’est une idée sur laquelle revient souvent le président Bourguiba. Je n’exclus rien en ce qui concerne l’avenir. Dans le présent, il s’agit de rétablir la paix en Algérie et de donner la parole aux Algériens. De divers côtés, on veut bien quelquefois dire : c’est De Gaulle qui peut résoudre le problème Algérien. S’il ne le fait pas, personne ne le fera. Alors qu’on veuille bien me laisser le faire. Je n’en demande pas davantage.

Avec le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères, et du reste conformément à la politique définie et suivie par le gouvernement, nous avons en effet, ces temps derniers, inauguré une série de consultations avec les chefs d’État et avec les gouvernements des pays de l’Europe occidentale, plus spécialement avec ceux de l’Europe qualifiée d’Europe des 6, ce qui ne m’a pas empêché et, nous espérons, ce qui n’empêchera pas de revoir le Premier ministre britannique à une occasion qui sera nécessairement une bonne occasion.

Construire l’Europe, c’est-à-dire l’unir, c’est évidemment quelque chose d’essentiel. Il est banal de le dire. Pourquoi faudrait- il que ce grand foyer de la civilisation, de la force, de la raison, de la prospérité, s’éteigne sous sa propre cendre ?

Seulement, dans un pareil domaine il faut procéder non pas d’après des rêves, mais suivant des réalités.

Or, quelles sont les réalités de l’Europe ? Quels sont les piliers sur lesquels on peut la bâtir ?

En vérité, ce sont les États, des États qui sont, certes, très différents les uns des autres, ayant chacun son âme, son histoire et son langage à lui, ses malheurs, ses gloires et ses ambitions à lui, mais des États qui sont les seules entités qui aient le droit d’ordonner et le pouvoir d’être obéis.

Se figurer qu’on peut bâtir quelque chose d’efficace pour l’action, et que ce soit approuvé par les peuples en dehors ou au-dessus des Etats, c’est une chimère.

Assurément, en attendant qu’on ait abordé le problème de l’Europe dans son ensemble et corps à corps, il est vrai qu’on a pu instituer certains organismes plus ou moins extra-nationaux ou supra-nationaux. Ces organismes ont leur valeur technique, mais n’ont pas et ne peuvent avoir d’autorité ni d’efficacité politique. Tant qu’il ne se passe rien de grave, ils fonctionnent sans beaucoup d’histoires, mais dès qu’apparaît une circonstance dramatique, un grand problème à résoudre, on s’aperçoit à ce moment que telle haute autorité n’en a pas sur les diverses catégorie nationales, et que seuls les États en ont : c’est ce qu’on a vérifié il n’y a pas longtemps à propos de la crise du charbon, et qu’on a pu encore constater à propos du Marché commun quand s’est posé le problème des produits agricoles, du concours économique à fournir à certains Etats africains, ou des rapports entre le Marché commun et la zone de libre-échange.

Encore une fois, il est tout naturel que les États de l’Europe aient à leur disposition des organismes spécialisés pour les problèmes qui leur sont communs, pour préparer et, au besoin, pour suivre leurs décisions, mais ces décisions leur appartiennent. Elles ne peuvent appartenir qu’à eux, et ils ne peuvent les prendre que par coopération.

Assurer la coopération régulière des États de l’Europe occidentale, c’est ce que la France considère comme étant souhaitable, possible et pratique dans le domaine politique, économique, culturel et dans celui de la défense.

Cela comporte quoi ? Cela comporte un concert organisé, régulier, des gouvernements responsables, et puis le travail d’organismes spécialisés dans chacun des domaines communs et subordonnés aux gouvernements.

Cela comporte la délibération périodique d’une assemblée qui soit formée par les délégués des Parlements nationaux et, à mon sens, cela doit comporter, le plus tôt possible, un solennel référendum européen de manière à donner à ce départ de l’Europe le caractère d’adhésion, d’intervention populaire qui lui est indispensable.

Il se trouve que les États de l’Europe ont actuellement entre eux et en commun, ensemble, de très grands moyens d’action et aussi, d’ailleurs, de très grands problèmes.

Il se trouve que leurs inimitiés d’antan sont réduites à bien peu de chose. Bref, il se trouve que l’occasion se présente alors d’organiser entre eux cette coopération, voilà ce que la France propose.

Bien sûr, si on entre dans cette voie, et on peut espérer qu’on va y entrer, les liens se forgeront et des habitudes se prendront, et alors, le temps faisant son œuvre peu à peu, il est possible qu’on en vienne à des pas plus avancés vers l’unité européenne : encore une fois, c’est cela que la France propose, c’est tout cela et pas autre chose.

Il y a plus de 10 ans qu’on a organisé l’Alliance atlantique comme elle l’est actuellement. A cette époque – là, je rappelle que d’abord la question brûlante immédiate c’était essentiellement la sécurité de l’Europe : alors, on a fait l’alliance limitée à l’Europe et dans une zone d’action très étroite.

A la même époque, il se trouvait que les États-Unis avaient seuls les moyens de la défense, et que les États de l’Europe occidentale, continentale tout au moins, se trouvaient dans une situation politique, économique et sociale dont le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle était incertaine, et où ces États d’ailleurs remettaient à plus tard la renaissance de leur personnalité dans l’ordre international, si même ils n’y renonçaient pas.

Alors, on a fait l’alliance sur la base de l’intégration, c’est-à-dire d’un système ou la défense de chacun des pays de l’Europe continentale occidentale, mise à part l’Angleterre d’ailleurs, n’a pas de caractère national, ou enfin tout est commandé par les Américains et où ce sont les Américains qui disposent de l’utilisation des armes principales, c’est-à-dire atomiques.

Mais depuis 10 ans, il y a eu beaucoup de changements. D’abord, on a vu que les possibilités de conflit, et par conséquent d’opérations militaires, s’étendaient bien au-delà de l’Europe, au monde entier, et qu’en particulier le Moyen-Orient, l’Afrique, étaient des terres au moins aussi chaudes que l’Europe, et qu’à leur sujet il y avait entre les principaux participants de l’Alliance atlantique des divergences politiques qui pourraient, le cas échéant, tourner en divergences stratégiques.

Et puis, les pays de l’Europe continentale, en particulier la France, ont repris leur équilibre et leur essor, et par conséquent, à mesure que cela se fait, ils reprennent conscience d’eux – mêmes en particulier pour ce qui concerne leur défense. Enfin, l’un d’entre eux, vous savez lequel, a commencé à se constituer une arme atomique.

Dans ces conditions, la France considère que ce qui a été fait en 10 ans dans cette zone étroite, et sur la base de l’intégration, doit être mis à la page.

Je ne citerai naturellement que les points qui intéressent la France – quant aux autres Nations, au cours d’une éventuelle confrontation générale, elles parleront pour ce qui les concerne – mais en ce qui touche la France, 2 points tout au moins doivent être révisés :

Le traité de l’Alliance atlantique nord a été fait en spécifiant, dans son propre texte, qu’elle pouvait être révisée après 10 ans. Ces 10 ans sont écoulés. Quels sont les 2 points qui nous paraissent devoir être révisés ?

Le premier, la limitation de l’Alliance à la seule zone de l’Europe : nous considérons que, tout au moins entre les Puissances mondiales de l’Ouest, il faudrait qu’il y ait quelque chose d’organisé, au point de vue de l’Alliance, quant à leur comportement politique et éventuellement stratégique, ailleurs qu’en Europe, et particulièrement au Moyen-Orient et en Afrique, où ces 3 Puissances sont continuellement impliquées. Et du reste, s’il n’y a pas d’accord entre ces principaux participants de l’Alliance atlantique sur d’autres sujets que l’Europe, comment pourra- t- on indéfiniment maintenir l’Alliance en Europe ; bref : il faut y remédier.

Le second point sur lequel la France souhaite un changement, c’est celui de l’intégration à propos de la défense de l’Europe.

Il nous paraît que la défense d’un pays, tout en étant combinée avec celle d’autres pays, bien entendu, et sans exclure le moins du monde le principe de l’Alliance conclue, il nous paraît que la défense d’un pays doit avoir le caractère national.

Comment, en effet, un gouvernement, un Parlement, un peuple, à la longue, pourraient- ils apporter, de toute leur âme, leur mise à un système – en temps de paix par leurs dépenses et leurs services, en temps de guerre par leurs sacrifices – à un système ou leur propre défense ne résulterait pas de leurs propres responsabilités ? C’est pourquoi une mise au point, une réanimation de l’Alliance à ce point de vue nous apparaît indispensable.

Nous avons pris d’ailleurs quelques mesures dans ce sens. C’est ainsi que la France a maintenant à sa disposition directe sa flotte. En effet, qu’est – ce que la flotte ? C’est un moyen d’action lointaine. Comment imaginer que la France laisse ce moyen d’action lointaine à la discrétion d’une organisation exclusivement européenne et qui n’a rien à voir avec l’Afrique, alors que la France, par ses intérêts, ses responsabilités, est continuellement impliquée en Afrique ?

D’autre part, la France juge que si on entrepose des armes atomiques sur son territoire, elles doivent être entre ses mains, étant donné la nature de ces armes et les conséquences que leur emploi peut avoir. Évidemment, la France ne peut pas laisser son propre destin et sa propre vie à la discrétion des autres.

Voilà ce que la France entend par la réforme de cette Organisation atlantique. Tout en répétant qu’il ne s’agit absolument pas, bien sûr, de se séparer les uns des autres, car jamais une Alliance profonde n’a été plus nécessaire entre les peuples libres.

Le Mali a été constitué entre la République soudanaise, la République sénégalaise. Nous avions reconnu l’une et l’autre de ces Républiques et, par la suite, ensemble, elles ont constitué l’Etat fédéral du Mali, que nous avons reconnu d’ailleurs. Elles y tenaient ou paraissaient y tenir, nous avons recommandé l’admission de cet Etat à l’Organisation des Nations-unies et nous avons traité avec lui pour différentes questions de coopération.

Seulement, ce Mali était constitué par 2 éléments et il est de fait que l’un des 2 éléments ne veut plus en faire partie, nous croyons d’ailleurs qu’à cet égard le Sénégal, qui s’en est retiré, a le droit de disposer de lui – même comme il l’avait fait quand il a formé le Mali avec le Soudan. Nous savons bien qu’ils avaient fait naguère entre eux une Constitution, mais nous savons aussi ce que valent les Constitutions. Nous en avons fait 17 depuis 150 ans et la nature des choses est plus forte que les textes constitutionnels arrêtés par les hommes politiques.

Le fait est qu’actuellement ils ne sont plus tous les 2 dans le Mali, c’est le moins qu’on puisse en dire, et que, cependant, il continue à y avoir avantage à notre avis, pour l’un, pour l’autre et pour nous tous, à ce qu’ils restent accordés et même à ce qu’ils constituent entre eux quelque chose de pratique à toutes sortes d’égards, car la nature des choses, à notre sens, le leur commande. Et nous souhaitons vivement qu’ils en viennent là. Il est possible que ça ne se fasse pas du jour au lendemain, il est possible qu’il faille, d’abord pour panser un certain nombre de blessures, et puis pour retrouver le chemin de la compréhension réciproque et de la coopération, qu’il faille quelque temps et quelques efforts ; nous fournissons les nôtres, nous savons que certains chefs de gouvernements africains, provenant de l’Union française, font effort dans le même sens et nous les en félicitons, par conséquent nous ne sommes pas du tout pessimistes quant à l’avenir sur ce sujet, mais dans l’immédiat, il est certain qu’il y a une situation de fait que nous sommes obligés de reconnaître et dont nous sommes forcés de tenir compte. Autrement dit, dans cette affaire, nous sommes pleins de réserve, de prudence, de circonspection mais aussi de bonne volonté et même, au fond, d’espérances. Et puis, nous verrons, vous savez, l’évolution de l’Afrique, même des Etats de l’Afrique qui sont venus de l’Union française et qui avaient au départ, et qui ont au départ, des élément d’action fort importants et qui continuent de les avoir, en particulier, grâce à l’aide de la France… Toute cette évolution africaine aura inévitablement de multiples péripéties, ce qui est important, ce qui est essentiel c’est que ces péripéties ne conduisent pas à des conflits, car le sang des hommes n’a pas besoin de couler encore pour des questions de cette sorte, du moment qu’il s’agit d’aménagements et c’est bien de cela qu’il s’agit…

Personne ne peut mettre en doute que nous considérions en France la question des relations Est-Ouest comme celle qui domine toutes les autres. Cela va de soi, c’est clair comme la lumière du jour. Nous avons déjà dit à maintes reprises et nous ne sommes pas gênés pour le répéter, que ça pourrait impliquer 3 conditions, ça devrait impliquer 3 conditions : la première ce serait la détente. Que l’on s’abstienne de se jeter des invectives à la figure et qu’on veuille bien se voir en toute tranquillité, c’est-à-dire pas trop nombreux. Et puis, la deuxième condition, eh bien ! c’est qu’il y ait un commencement de désarmement, et plus spécialement de désarmement nucléaire. La France a proposé à ce sujet, vous le savez, quelque chose de pratique qui porte sur les véhicules, qui pourrait porter sur les armes atomiques pour la destruction.

Enfin, en troisième lieu, nous croyons que la détente Est-Ouest devrait être accompagnée par un petit commencement de coopération sincère, non pas pour la propagande, mais pour la réalité en ce qui concerne le développement des pays sous-développés. Je dois dire que depuis les dates que vous avez évoquées tout à l’heure, ni pour la défense, ni pour les véhicules des armes nucléaire, ni pour la coopération en faveur des pays sous-développés, la France n’a vu quelque progrès que ce soit.

Mais elle n’a pas renoncé, bien sûr. Nous sommes tous dans un tunnel, voyez- vous, et les totalitaires aussi, quoi qu’ils disent, et peut-être quoi qu’ils cherchent à faire croire tous. Nous sommes entourés d’ombres menaçantes. Peut-être la lueur apparaîtra- t – elle un jour ou l’autre.

En tout cas, pour ce qui est de la France, ce qui est capital, c’est que, par les temps qui courent, elle garde sa cohésion nationale, et de tout mon cœur je me félicite de constater qu’il en est ainsi. De temps en temps, on me dit ou on me fait dire : « Ben oui, vous êtes là » – c’est fort gentil à mon égard, et par conséquent bien~! – « mais après vous ce sera la pagaille ». Alors quelques-uns suggèrent que l’on institue la pagaille tout de suite de manière à assurer ma succession. Eh bien, je demande à réfléchir !

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