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Discours de Charles De Gaulle – Allocution du 4 novembre 1958

Françaises, Français

Il y a 25 ans, lorsque la France roulait à l’abîme, j’ai cru devoir assumer la charge de la conduire jusqu’à ce qu’elle fût libérée, victorieuse et maîtresse d’elle – même. Il y a 7 ans, j’ai cru devoir revenir à sa tête pour lui éviter la guerre civile, lui épargner la faillite monétaire et financière et bâtir avec elle des institutions répondant à ce qu’exigent l’époque et le monde moderne.

Depuis lors, j’ai cru devoir exercer les pouvoirs de chef de l’Etat, afin qu’elle puisse accomplir au profit de tous ses enfants, une étape sans précédent de son développement intérieur, recouvrer la paix complète et acquérir dans l’univers une situation politique et morale digne d’elle.

Aujourd’hui, je crois devoir me tenir prêt à poursuivre ma tâche, mesurant en connaissance de cause de quel effort il s’agit, mais convaincu qu’actuellement c’est le mieux pour servir la France.

Car, ainsi, notre pays se voit offrir le meilleur moyen de confirmer, par ses suffrages, le régime stable et efficace que nous avons ensemble institué. Que l’adhésion franche et massive des citoyens m’engage à rester en fonction, l’avenir de la République nouvelle sera décidément assuré. Sinon, personne ne peut douter qu’elle s’écroulera aussitôt et que la France devra subir – mais cette fois sans recours possible – une confusion de l’Etat plus désastreuse encore que celle qu’elle connut autrefois.

Françaises, Français, c’est dire que, suivant votre choix, notre pays pourra, ou non, continuer la grande aventure de rénovation où il se trouve engagé. Or qu’il s’agisse de son unité, de sa prospérité, de son progrès social, de sa situation financière, de la valeur de sa monnaie, de ses moyens de défense, de l’enseignement donné à sa jeunesse, du logement, de la sécurité, de la santé de sa population, l’avance qu’il a réalisée depuis sept ans apparaît comme éclatante.

Certes, il y a encore, il y aura toujours beaucoup à faire.

Mais comment y parviendrait- on si l’Etat, livré aux partis, retombait dans l’impuissance ? Au contraire, quel élan nouveau prendra notre République quand celui qui a l’honneur d’être à sa tête aura été approuvé par vous dans son mandat national.

En même temps, se trouvent en jeu : la situation et l’action de la France dans un monde au-dessus duquel planent d’incommensurables dangers, l’indépendance reprise sans renier nos amitiés, la coopération pratiquée avec des peuples où notre colonisation était devenue anachronique et souvent sanglante, l’union de l’Europe occidentale poursuivie de telle sorte qu’elle s’organise dans des conditions équitables et raisonnables, que la France y reste elle – même, et qu’au plus tôt tout notre continent puisse s’accorder pour marcher en commun vers la paix et vers le progrès, le rayonnement de notre culture vivifié et grandissant, la considération et l’audience des autres peuples justement obtenues par nous en soutenant partout la cause de la libération, du développement et de l’entraide dont dépend désormais le sort de la communauté humaine.

Eh bien, voici que le monde entier regarde vers nous pour savoir si vous allez, par votre vote, ratifier ou effacer ce que nous avons accompli au-dehors, appuyer ou empêcher ce que nous sommes en voie d’y réussir.

Une grande responsabilité nationale incombera donc, dans un mois, à vous toutes et à vous tous. Telle est d’ailleurs, la raison d’être de la loi constitutionnelle qui s’appliquera pour la première fois et en vertu de laquelle le peuple français tout entier désignera le chef de l’Etat, garant du destin de la nation.

En élisant le président de la République, il vous sera donné de fixer en conscience, par-dessus toutes les sollicitations des tendances partisanes, des influences étrangères et des intérêts particuliers, la route que va suivre la France.

A moi – même, que vous connaissez bien après tout ce que nous avons fait ensemble dans la guerre et dans la paix, chacune de vous, chacun de vous aura l’occasion de prouver son estime et sa confiance.

Ainsi, devant tous les peuples, le scrutin historique du 5 décembre 1965 marquera le succès ou le renoncement de la France vis-à-vis d’elle – même. Françaises, Française, j’espère, je crois, je sais qu’elle va triompher grâce à vous.

Vive la République, vive la France !

 

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