Le référendum de dimanche sera un acte du peuple, c’est-à-dire simple et portant loin. Sans doute est – ce sur la Constitution que le pays va se prononcer, mais tout le monde sent que le vote ne signifiera pas seulement l’adoption formelle d’un texte. Il s’agit du destin de la France.
Du fait que notre pays aura marqué sa volonté d’échapper à la confusion où se traînait le régime des partis, un autre esprit pourra, s’il le veut, animer la politique et des pouvoirs verront le jour, qui seront en mesure d’agir. C’est donc une République nouvelle qui va être instituée afin de conduire la France à la rénovation dont elle a, maintenant, les moyens.
Du fait que les Algériennes et les Algériens des diverses communautés prendront part, pour la première fois tous ensemble, dans une complète égalité, à la consultation, il sera établi qu’au milieu de leurs épreuves ils font confiance à la France et, j’ose le dire, à moi – même. Ils montreront qu’ils entendent participer en commun à la grande œuvre, politique, économique, sociale, culturelle, que nous avons résolu d’accomplir pour transformer l’Algérie, y délivrer les habitants de la crainte et de la misère, y assurer à chaque femme, à chaque homme, sa liberté et sa dignité.
Du fait que sera fondée entre la métropole et les territoires d’outre-mer une libre communauté de peuples, on verra l’ensemble humain que la France groupe autour d’elle donner l’exemple à un monde où règnent tant de tyrannies.
Mais aussi, mais surtout, du fait qu’en cette occasion solennelle le peuple français fera la preuve de son unité, combien ses chances deviendront meilleures ! Vis-à-vis de nous – mêmes, quel encouragement, quelle fierté ! Vis-à-vis de l’univers en proie à de terribles menaces, quelle dignité revêtira la France ! C’est pourquoi la majorité ou, comme on dit, le pourcentage que doit obtenir le « oui » sera d’une importance immense. Ah ! Qui donc voudrait s’abstenir ?
Françaises, Français, si avec mon gouvernement je vous appelle à répondre « oui » et à le faire en masse, de grand cœur, c’est simplement pour la France. En vous demandant de choisir l’efficacité de l’Etat et l’unité nationale, je crois exprimer ce qu’ont souhaité à la nation tant et tant de générations qui bâtirent au cours des siècles. Je crois dire tout haut ce qu’au fond d’eux – mêmes désirent pour leur pays les Français d’aujourd’hui, y compris ceux qui, pour des raisons ou des passions particulières, céderont à la négative. Je crois répondre d’avance à l’idée que, d’âge en âge, nos enfants se feront de la patrie.
A chacune, à chacun de vous, je confie le sort de la France.
Vive la République !
Vive la France !