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Discours de Charles de Gaulle – Allocution radiotélévisée du 27 juin 1958 (27/06/1958)

Les affaires de la France sont difficiles, mais hier elles semblaient insolubles. Aujourd’hui non. N’est- ce pas un progrès ?

Pour l’immédiat il en est 3 qui dominent notre situation : l’Algérie, l’équilibre financier et économique, la réforme de l’État. Dans ces domaines nous revenons de loin.

Mais je crois maintenant qu’avant la fin de l’année nous aurons largement avancé dans la bonne voie. L’algérie, les conditions de son avenir, la France veut les fixer avec les Algériens eux – mêmes. Qu’ils fassent donc entendre leurs voix. Celle des fusils est stérile.

Or les Algériens vont pouvoir s’exprimer lors du prochain référendum, puis des futures élections, tous ensembles en un seul collège, où le suffrage de chacun comptera autant que celui des autres.

Hier c’était inconcevable. A présent cela devient possible grâce au mouvement de fraternisation qui rapproche les communautés, grâce à l’armée qui répondra de la sécurité, de la loyauté, de la dignité, de la consultation, grâce à ce que nous avons décidé de faire pour que les 10 000 000 d’Algériens aient tous désormais les mêmes droits et les mêmes devoirs.

Pour l’Algérie, l’année 1958 ouvre la route de l’espoir.

Établir l’équilibre financier et économique. On en a beaucoup parlé, c’est – ou jamais – le moment de le faire. C’est même le dernier moment. Je suis résolu à réussir avec mon gouvernement et le concours du pays tout entier.

Il n’y a personne qui ne sache que le sort de la France et celui de chaque Français dépendent dans ce domaine du succès ou de la culbute. Or tout peut être encore sauvé si en cette année 1958 l’ensemble des dépenses publiques, des prix et des rémunérations, des profits, ne dépasse pas le niveau où il est, si les possédants subissent quelques nouveaux sacrifices, si les producteurs, les fonctionnaires, les salariés, concourent tous au sauvetage au détriment des augmentations qu’ils pouvaient escompter. Bref, si nous stabilisions. Il le faut absolument pour que l’État échappe à la ruine, pour que puisse se poursuivre l’expansion de l’économie, pour que se maintienne le plein emploi.

Eh bien ! Nous entendons le faire.

Quoi qu’il doive en coûter à chacun en particulier, je suis sûr que vous l’approuverez tous.

D’ailleurs, jour après jour, les marques éclatantes de la confiance nationale affluent aux guichets de l’emprunt. Les résultats s’annoncent excellents. Il nous permettra de franchir le passage entre la région des abîmes où nous étions engagés et le plateau de la remise en ordre.

C’est pourquoi, au nom du pays, et, laissez – moi ajouter, au mien, je remercie celles et ceux qui ont déjà souscrit, et je remercie d’avance celles et ceux qui souscriront.

Avant le terme de l’année 1958 je compte qu’au point de vue de la monnaie, du budget, des échanges, le redressement sera en plein cours.

La réforme de l’État. C’est le moyen d’éviter désormais ces crises absurdes et désastreuses, où la France chancelait au milieu du doute de ses enfants et de l’ironie du monde.

C’est la base sur laquelle nous devons construire notre avenir de peuple moderne, plein de vigueur, de ressources, de capacité, et dont l’univers a besoin pour parer au cataclysme.

En temps voulu le projet relatif aux institutions nouvelles sera soumis aux suffrages du peuple. Si celui – ci répond oui, je garantis qu’avant que cette année finisse des pouvoirs publics capables de porter leurs responsabilités seront normalement mises en place.

Voilà les buts. Voilà les enjeux.

C’est tellement grand, tellement important, qu’en comparaison les prétentions idéologiques, les disputes politiques, les agitations partisanes, sont tout simplement dérisoires. J’en appelle à l’unité, ce qui signifie que j’en appelle à tout le monde.

Il faisait bien sombre hier. Mais ce soir il y a de la lumière.

Françaises, Français, aidez- moi !

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